Neuf cents enfants peuvent fréquenter la nouvelle école élémentaire de Xiaoquan, réalisée sur un projet de l'architecte Hua Li, grâce à des financements privés pour la reconstruction suite au séisme de 2008. Les matériaux et les techniques de construction locaux, utilisés pour un ouvrage qui s'intègre dans le contexte, évitent le “style post-sismique” répandu dans le monde entier en faveur d'une architecture qui respecte l'histoire du lieu.
En observant les projets récents de l'architecte chinois Hua Li, comme le musée du travail artisanal du papier à Xinzhuang et la nouvelle école élémentaire de Xiaoquan, dans la province de Sichuan, on note le caractère symbolique attribué à l'architecture publique, vue non pas comme destination inévitable d'une activité commune, mais comme premier élément d'identification pour les habitants, qui implique le concept de partage d'un lieu et d'une histoire.Contrairement à la pratique répandue, qui traduit la finalité publique en un message simplifié et le concept de point de référence urbain en une architecture iconique qui ressort et est étrangère au contexte où elle se dresse, l'architecture de Hua Li tire les formes, les matériaux et les techniques de construction du passé, en les utilisant comme les sentiers d'une carte pour construire le présent.
La nouvelle école élémentaire à Xiaoquan semble ainsi surgir non seulement des ruines de l'édifice scolaire précédent démoli, mais également des traces du village gravement touché par le séisme de Wenchuan en 2008. Le plan de l'édifice se compose en effet de plusieurs volumes liés entre eux donnant sur des places, des parcours communs, des cours et des lieux urbains comme le stade et le centre sportif en plein air : les vues créées et l'intention ludique qui les accompagne, l'alternance entre les zones et la présence de parcours asymétriques, contribuent à offrir des lieux de rencontre et de partage.
L'impression n'est donc certainement pas celle d'un monolithe construit sur les nouvelles fondations, qui s'insère dans le paysage violé pour montrer la fracture entre le passé et le futur du village ; Hua Li essaie de reconstruire le vécu d'un quartier à l'intérieur de l'école, en composant le plan architectural comme un projet à l'échelle urbaine, caractérisé par l'alternance d'espaces ouverts, de volumes fermés et de lieux limitrophes, où retrouver la connexion entre les fonctions et favoriser la relation sociale.
Pour transmettre ce message sur le sens de la reconstruction comme lien entre le passé et le futur du village, l'architecte a visité à maintes reprises les lieux, en parlant avec les habitants et en laissant que leurs récits fassent justement ressortir les nouvelles exigences. Ces suggestions se sont concrétisées en utilisant les techniques de construction et les matériaux locaux, comme le bambou, le bois ou les briques, en partie récupérées des édifices démolis et utilisées pour paver les parcours entre les blocs scolaires et en partie fabriquées dans les petits fours de la région.
La légère différence de couleur entre les briques provenant de plusieurs sites de production a décoré le ciment avec lequel les nouvelles structures ont été réalisées, en évitant que s'impose un “style de la reconstruction” anonyme, qui n'a pas distingué les ouvrages publics de la province de Sichuan dévastée par le séisme de ceux des autres régions du monde avec un destin semblable.
Mara Corradi
Projet : Hua Li / TAO (Trace Architecture Office)
Collaborateurs : Zhu Zhiyuan, Jiang Nan, Li Guofa et Kong Desheng
Lieu : Xiaoquan, province de Sichuan (Chine)
Surface utile brute : 8 900 m²
Début du projet : 2008
Fin des travaux : 2010
Entreprise de construction : Sichuan Huaxiluyi Construction Co.
Portes et fenêtres en bois
Façades en briques, bambou et béton apparent
Structure en béton renforcé
Sol extérieur en briques recyclées
Photos : (c) Yao Li
