Le « Panorama » de Marc Mimram à Paris

« Panorama » : tel est le nom du dernier ouvrage de Marc Mimram dans la Ville Lumière. Il prend la forme d’un grand bâtiment faisant également office de pont entre les deux « rives » du fleuve d’acier constitué par les voies passant entre l’avenue de France et la Halle Freyssinet. Pour une réalisation architecturale, c’est loin d’être un endroit comme les autres. « Panorama » se dresse en effet dans le 13e arrondissement, en plein cœur de Paris, un quartier foisonnant d’autres bâtiments emblématiques (pour n’en citer qu’un : la Bibliothèque nationale de France, conçue par Perrault et ouverte en 1996, qui se trouve juste de l’autre côté de la rue).
Dans le passé, pour couvrir les chemins de fer dans d’autres quartiers de la ville, les urbanistes parisiens avaient toujours préféré créer une épaisse couche de béton armé, suffisamment solide pour pouvoir accueillir des bâtiments par la suite, même sans savoir ce qui allait être construit. Dans le même temps, le fait d’avoir une « fondation obligatoire » a toujours limité les possibilités des architectes. C’est la raison pour laquelle, Mimram a décidé de ne pas se conformer aux règles de conception classiques et de trouver une alternative qui lui garantirait plus d’inventivité et de liberté.
L’architecte a donc décidé d’aborder le problème de haut en bas et non l’inverse. Au lieu d’installer au sol une couche de béton armé servant de toit aux voies et aux quais, il a préféré suspendre la structure en l’accrochant au bâtiment-pont au-dessus. Pour ce faire, il a bien sûr fallu que le bâti décharge son poids hors du périmètre des voies.
Les deux grands volumes sur lesquels se concentre toute la charge structurelle du bâtiment - à savoir 16 000 tonnes dont 6000 d’acier - sont donc placés à 58 mètres de distance l’un de l’autre sur les côtés du faisceau ferroviaire et non au-dessus de celui-ci. C’est cette solution de conception qui a rendu possible l’utilisation libre et créative des formes de composition de tout le complexe. Il en résulte un encastrement géométrique qui donne une sensation de légèreté, d’ordre et de pureté en parfaite adéquation avec les impératifs du style high-tech contemporain. On se trouve, pour résumer, devant un grand conteneur en verre duquel émergent, en saillie vers l’extérieur, quatre parallélépipèdes blancs constellés de fenêtres carrées aux dimensions irrégulières. Les terrasses, les balcons, les loggias et les mezzanines deviennent ainsi des astuces de composition pour agrandir l’espace de travail tout en respectant l’orientation et en offrant des visions panoramiques.
Le cabinet d’architectes raconte : « Ces aménagements sont le résultat de contraintes antérieures dans la conception du pont. La solution au problème du faisceau ferroviaire consistait à suspendre le toit au-dessus des voies plutôt que d’utiliser une plate-forme de soutien qui aurait inutilement augmenté le coût du projet. L’ouvrage gagne ainsi en cohérence et la structure porteuse fonctionne sans attirer l’attention. Aucune ostentation musculaire mais au contraire le dévoilement progressif de la construction. »
L’équilibre stabiliséest ainsi le concept qui décrit le mieux la dernière réalisation de Marc Mimram. Compte tenu des contraintes du projet, un bâtiment compact, massif et imposant aurait pu voir le jour mais, au contraire, l’étude de la façon dont la gravité affecte les différents blocs a permis de créer un ensemble harmonieux d'éléments sortant de terre et donnant précisément l’impression d’un équilibre stable.
Dans l’idée de l’architecte, le dialogue visuel entre la ville et le bâtiment joue un rôle essentiel. Voir et être vu génère pour Mimram un écho symbiotique avec le contexte tandis que la ville, l’horizon, le ciel, les sources de lumière et l’orientation du terrain constituent les conditions environnementales de départ, les contraintes qui ne peuvent être ignorées, c’est-à-dire les lignes directrices préétablies pour le projet.
En conclusion, Marc Mimram veut suggérer à tous ceux qui réfléchissent et construisent des espaces de travail de dûment étudier les conditions de départ en tentant de créer des avantages et des libertés dans la conception d’ensemble parallèlement aux astuces adoptées pour réduire les coûts. Tout cela dans la mesure où, pour lui : « Le monde des bureaux est aujourd’hui trop soumis aux normes et aux règles... Il faut trouver des occasions d’innover et d’offrir un éventail de nouveaux modes et espaces de travail plus flexibles et différenciés. »

Francesco Cibati

Location: Paris, France
Program: Construction of the bridge-building «Panorama» in Paris
Cost: 50 M€
Planning: winner of the competition in 2012 - beginning of the construction in 2014 - project delivery in 2019
Surface: 16 000 m² - 15 000 m² - offices and 1 000 m² – shops
Project Supervisor: Marc Mimram Architecture & Associés www.mimram.com
Partners : Marc Mimram Ingénierie : structure et economy, Edeis : fluid, VSA : facades, Greenaffair : environment, Léopold Fauconnet : interior designer, Franck Neau : landscaper, Base : landscaper; Project team Marc Mimram Architecture Ingénierie : Guillaume André, Emilie Ballu, Maxime Lefranc, Jacques Durst, Denis Muet, Sergio Pauletto
Client:ICADE
Investor : AG2R LA MONDIALE MATMUT, via sa foncière AGLM immo
Construction: Victor Buyck : metal frame, Prologis : essential structural, Rinaldi Structal : facades, Ogim : roofing/waterproofing, Vinci énergie : electricity-plumbing, MRG : equipments-hoods, S.N Falleau : green space, Spie Batignolles : architectural interior works, Alma : drywalls, TSM : locksmith / metal work, Thyssenkrupp : elevators

Pictures courtesy of the Studio

---

GALLERY