
La philosophie de l'architecture à basse consommation a vu le jour dans l'Europe du Nord au début des années 80, mais les premiers pas vers le concept d'architecture “passive” ne se font qu'a la fin de cette décennie, grâce à une étude de l'université suédoise de Lund. Les méthodes conceptuelles et de construction pour réduire les besoins énergétiques des édifices ont depuis lors été approfondies et des recherches ont en même temps été faites sur la création autonome du confort ambiant nécessaire aux utilisateurs.
Dans le projet de Karawitz, le dessin du modèle de la maison rurale avec toit à deux pans, qui s'insère dans le contexte des maisons traditionnelles locales, est la base pour recouvrir entièrement les murs et la toiture d'une peau en bambou, dans le but d'atténuer l'effet de la lumière solaire directe : les panneaux modulaires permettent aux utilisateurs de réguler thermiquement le climat de la maison, en le rafraîchissant en été, mais aussi d'en modifier la façade en déclinaisons infinies dessinées par la riche séquence d'ouvertures et de fermetures possibles. Les ouvertures sont orientées au sud pour utiliser le rayonnement solaire en hiver, mais disposent de fenêtres avec un triple vitrage et des lames d'argon entre les vitres pour réduire la transmission thermique (U).
Des panneaux photovoltaïques sont installés sur la toiture, tandis que la structure est entièrement réalisée avec des panneaux en bois massif et fibre de bois pour l'isolation, où dissimuler facilement les installations. Sur le plan, la maison présente deux parties séparées par une “épine dorsale”, une suite de panneaux de 60 cm de large chacun à la distance réciproque de 90 cm, qui distingue les deux zones fonctionnelles de la maison, celle orientée vers le sud destinée à la zone jour au rez-de-chaussée et à la zone nuit au premier étage et celle orientée vers le nord, réservée à la distribution et aux services. Cette épine, qui est à la fois un élément de composition et fonctionnel, sert de corps technique mais aussi de système modulaire, parfois ouvert au passage, parfois fermé comme armoire à portes ou utilisé comme support pour les murs mobiles intérieurs qui divisent l'espace en l'adaptant aux multiples usages. La double limite sur le jardin, constituée de la paroi vitrée et du bâti qui soutient le brise-soleil en bambou, amplifie la profondeur des principales pièces orientées vers le sud au rez-de-chaussée comme au premier étage, en créant ainsi une petite zone filtre qui régule thermiquement l'intérieur.
Les valeurs de transmission thermique qui mesurent l'isolation fournie par les matériaux de construction sont indicatives :
murs extérieurs : 0,14 W/(m²K)
toiture : 0,12 W/(m²K)
sol : 0,17 W/(m²K).
Mara Corradi
Projet : Karawitz Architecture
Commettant : Mischa Witzmann et Milena Karanesheva
Lieu : Bessancourt, Val d'Oise (France)
Surface utile brute : 161 m²
Début du projet : 2009
Fin des travaux : 2009
Entreprise de constructions : Perspective Bois
Fenêtres en aluminium avec volets en bois
Triple vitrage avec lames d'argon entre les vitres
Toiture en bois lamellé avec comble en membrane de bambou
Structure en bois lamellé
Isolation interne en panneaux de fibre de bois massif
Revêtement brise soleil en bambou non traité
Sol en dalles de ciment
Peintures sans solvants
Éclairage avec des ampoules fluorescentes à basse consommation
Photos : ©Hervé Abbadie, Karawitz Architecture
www.karawitz.com
www.passiv.de