Le poète de la lumière, Ingo Maurer 1932 - 2019

On l'avait surnommé « le poète de la lumière », Ingo Maurer, designer et entrepreneur allemand disparu le 21 octobre 2019 à l'âge de 87 ans. Un titre mérité pour ses projets de lampes et de systèmes d'éclairage, à la limite entre le design, la technologie et la poésie. Des projets auxquels le designer s'était consacré à partir des années 1960 en les réalisant de manière autonome, à travers le laboratoire artisanal « Design M », qu'il avait fondé en 1966 à Munich. La possibilité de réaliser en toute autonomie ses idées, sans faire de compromis, est devenue un point fort de sa production. Au fil du temps, le laboratoire artisanal a été remplacé par Ingo Maurer GmbH, un acteur international qui distribue à travers le monde les systèmes d'éclairage, les lampes et les pièces uniques conçus par Ingo Maurer et par ses collaborateurs. Le dernier projet en date est l'éclairage du « Residenztheater » de Munich, achevé le 18 octobre 2019.

Ingo Maurer naît en 1932 sur l'île de Reichenau sur le lac de Constance. Sa formation n'est pas la formation classique d'un architecte. Dans un premier temps, il se forme comme imprimeur en Allemagne et en Suisse, puis de 1954 à 1958 il poursuit des études de graphisme à Munich. En 1960, il part aux États-Unis, d'abord à New York puis à San Francisco, où il travaille en tant que designer indépendant. À partir de 1963, de retour en Europe, il a toujours vécu à Munich où en 1966 il fonde « Design M » et signe sa première lampe : Bulb, en métal chromé brillant et cristal soufflé. Une lampe de table qui fera sa renommée, pour tous il deviendra un concepteur lumière. Au fil des ans s'ensuivront les projets de lampes et de systèmes d'éclairage devenus des icônes du design, la plupart seront en effet conservés dans les collections permanentes de grands musées. Comme le MoMA, Museum of Modern Art, de New York qui, outre Bulb, conserve également : Gulp (1969), Light Structure (1970, dont Ingo Maurer est co-designer), Little Black Nothing et le système à faible voltage YaYaHo (1988), Los Minimalos Dos, Lucellino Wall, Wo bist Du, Edison et Zettel'z (1999), Campari Light (2002) et Porca Miseria! (2003).
Des années qui furent intenses : à la conception de lampes s'ajoute celle des installations pour des expositions dédiées au designer ou aménagées par lui-même dans différentes parties du monde. La reconnaissance est unanime pour la grande habilité d'Ingo Maurer de jouer avec un élément immatériel comme la lumière, mais fondamental dans chaque projet architectural ou urbain. Une interminable liste de prix de design et de titres, reçus au cours de sa vie et dans différents pays du monde, prouve la renommée dont il a bénéficié. Parmi eux : il est nommé « Chevalier des arts et des lettres », titre honorifique accordé par le ministre français pour la Culture (1986), Prix de Design 1999 de la ville de Munich, « Lucky Strike Designer Award 2000 » prix de la Raymond Loewy Foundation (2000), Primavera del Disseny 2000 reçu par le Museu del Disseny de Barcelone (2001), « Collab’s Design Excellence Award » conféré par le Philadelphia Museum of Art (2002), en 2003 il reçoit le Georg Jensen Prize 2002 à Copenhague et « The Fourth Oribe Award » par la Design Academy Division à Gifu, Japon ; Royal Designer of Industry par la The Royal Society of Arts de Londres (2005), en Italie en 2011 il reçoit le Compasso d‘Oro à la carrière par l‘ADI – Association pour le Design Industriel.

(Agnese Bifulco)

https://www.ingo-maurer.com

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