Ouvrages architecturaux Olivetti à Ivrea : un voyage dans le XXe siècle italien

Adriano Olivetti fut le premier à aborder les problèmes de l’environnement, de la protection du territoire et du développement durable. Il mettait déjà en garde sur la nature non infinie des ressources naturelles tout en participant activement à des initiatives qu'il considérait utiles pour la communauté.

A visiter :
MAAM - Musée de l’architecture moderne d’Ivrea
Pour comprendre les rêves et les projets d’un homme qui fut parmi les plus grands esprits de son époque, rien de mieux qu’un parcours au fil des ouvrages architecturaux laissés en héritage par Adriano Olivetti. Inauguré en 2001, le « Musée » raconte l’aventure d’Olivetti à travers un itinéraire d’environ 2 km : des constructions des architectes Figini et Pollini à l’établissement Olivetti, à la crèche et au bâtiment de 24 logements avec services sociaux en passant par la cantine de l’architecte Ignazio Gardella et par les maisons des architectes Nizzoli et Oliveri sans oublier les ouvrages de l’architecte Eduardo Vittoria (notamment le centre d’études et d’expériences de 1955) et les projets des architectes Gabetti et Isola, notamment le « crescent » souterrain de l’unité résidentielle ouest et, bien sûr, les bâtiments les plus récents comme le deuxième bâtiment administratif (Palazzo Uffici 2) de l’architecte Gino Valle.

L’artère principale de l’itinéraire piéton aménagé et ramifié le long des versants des collines à gauche et à droite de l’usine est la Via Jervis, la rue sur laquelle donne l’établissement Olivetti (fondé en 1896). Aux points stratégiques du parcours, des panneaux explicatifs donnent aux visiteurs les principales informations sur les bâtiments. L’itinéraire permet d’apprécier, dans son ensemble, la qualité environnementale et naturelle du site, préservée même pendant l’âge d’or de l’usine et renforcée aujourd'hui par la désindustrialisation : les constructions qui émaillent le parcours y apparaissent comme de véritables « tableaux de collection ».

Crèche - Luigi Figini et Gino Pollini
L’année 1941 marque l'inauguration de la crèche construite pour les enfants des employés d’Olivetti dans le quartier Borgo Olivetti d’Ivrea. Les architectes Luigi Figini et Gino Pollini ont conçu des espaces fonctionnels structurés en parallélépipèdes de style rationaliste revêtus de pierres locales. Le jardin accompagne les courbes de niveau des roches en diorite tandis que l'intérieur accueille, via une distribution centrée sur les différentes activités qui deviendra par la suite un modèle, des jeux en bois réalisés sur mesure comme le toboggan-éléphant ou les grands paniers à roulettes pour transporter les enfants.

Centre d’études et d’expériences - Eduardo Vittoria
Ouvert en juillet 1955, le centre d’études est une construction raisonnée, fruit de longues recherches. Une structure à la forme libre et dynamique mais respectant des lignes géométriques dessinant une croix à quatre bras asymétriques partant d’un corps central. L’architecte Eduardo Vittoria eut une grande liberté de choix : il n’y avait en effet aucun problème de formes ou d’espaces, même si la proximité des imposants bâtiments des architectes Figini et Pollini - en cours d’agrandissements supplémentaires - rendaient plus difficile l’adoption d’une solution satisfaisante. Comme il l’écrivit lui-même dans la revue « L’Architettura », l’architecte Eduardo Vittoria « s’inspira des grands maîtres : &Ldquo;l’invention spatiale de Wright, la rigueur linguistique de Mies van der Rohe, la tradition italienne du 18e siècle, de Vanvitelli à Valadier”. Il était convaincu “ qu’il n’y avait rien de neuf à inventer dans l’architecture moderne mais qu’il y avait, au contraire, beaucoup à étudier pour approfondir les motifs que les maîtres avaient déjà élaborés”.

La cantine - Ignazio Gardella
La construction de la nouvelle cantine pour les employés d’Olivetti fut confiée à l’architecte Ignazio Gardella, lauréat en 1955 du Prix National d’Urbanisme et d’Architecture Olivetti. Le site choisi fut un espace vert aux pieds de la colline du couvent d’Ivrea une ancienne habitation de la famille Olivetti située à quelques dizaines de mètres de l’usine. L’entreprise considérait qu’il était important que les employés, en plus de bien manger, puissent aussi nourrir leur vue et leur esprit en se retrouvant plongés au cœur de la nature. Pour rendre les repas encore plus agréables et relaxants, la cantine était dotée de grandes baies vitrées d’où l'on pouvait admirer le panorama environnant. Le bâtiment, inauguré en septembre 1959, comprend deux étages souterrains et deux étages hors sol accueillant, respectivement, les cuisines et les salles de distribution et de consommation des repas.

Bâtiment administratif - Annibale Fiocchi, Marcello Nizzoli et Gian Antonio Bernasconi
Le chantier de ce bâtiment se voulant l’image de la direction de l’entreprise Olivetti est lancé après la mort d’Adriano en 1961 et terminé trois ans plus tard. Le projet est confié aux architectes Annibale Fiocchi, Marcello Nizzoli et Gian Antonio Bernasconi, déjà auteurs du bâtiment administratif d’Olivetti Via Clerici à Milan en 1954. Le plan se compose de trois bras articulés autour d’un élément central, clin d’œil manifeste à d’autres projets et notamment à celui réalisé par Eduardo Vittoria pour le centre d’études et d’expériences. À travers l’articulation de ses volumes, le bâtiment cherche à instaurer un dialogue avec l’environnement, qui s’efface en 1986 avec la construction du deuxième bâtiment administratif réalisé d’après un projet de l’architecte Gino Valle. L’entrée du bâtiment se distingue par la présence d’un grand escalier en colimaçon à plan hexagonal ainsi que par les décorations et les symboles gravés de Nizzoli et par le bas-relief d’Andrea Cascella. Les différentes orientations des façades ont incité les architectes à modifier la mise en œuvre des fenêtres : les fenêtres orientées vers l’est et le nord-est sont placées à l’extérieur tandis que les fenêtres sud-ouest et nord-ouest sont à l’intérieur. Une astuce qui donne naissance à des perspectives différentes rappelant les études des architectes Nizzoli et Oliveri pour le bâtiment de 18 logements construit Corso Jervis, presque en face du bâtiment administratif. La coupe particulière des volumes confère toutefois à ce dernier des extrémités plus homogènes.

Exposition permanente « Cent ans d’Olivetti, le projet industriel »
Réalisée en 2008 à partir des archives historiques d’Olivetti, l’exposition permet de retracer l’épopée d'une entreprise à l’avant-garde dans l’excellence technique et dans la responsabilité sociale ainsi que dans le goût et dans l’exportation du Made in Italy.

Musée « Tecnologicamente »
Musée dont l’objectif est non seulement de conserver mais surtout et avant tout d’agir dans le cadre d’ateliers pédagogiques, d’expositions temporaires, de laboratoires et de projets artistiques visant à mettre à la portée de tous les grandes innovations techniques.

Unité résidentielle ouest
Bien que construite presque dix ans après le décès d’Adriano Olivetti, Talponia (« la taupinière » comme elle fut rebaptisée par les habitants d’Ivrea) est une réalité architecturale particulière, à la limite de l'utopie. Creusée sous terre et bâtie à l’aide de matériaux contemporains se fondant dans l’environnement, elle représente l’un des points d’arrivée de l’architecture inspirée par Olivetti.

Hôtel de ville et centre-ville d’Ivrea
Particulièrement attaché à sa ville d’origine, Adriano Olivetti fut également maire d’Ivrea. Une promenade dans le centre de cette ville antique permet au visiteur d’instaurer un dialogue entre passé récent, passé lointain et temps présent. À noter : l’architecture de l’hôpital signé par les architectes Gardella et Magnaghi dans le centre historique et les quartiers périphériques de Canton Vesco conçus par les architectes Annibale Fiocchi, Marcello Nizzoli, Gian Mario Olivieri, Ludovico Quaroni, Mario Ridolfi et Wolfgang Frankl ainsi que Canton Vigna, Bellavista, Cirst, autant de lieux prévus dans les itinéraires du Maam, dont le cœur reste toutefois la zone située autour de Via Jervis.

Où manger ?
La Mugnaia (La Meunière) – le nom de l’établissement s’inspire de la figure légendaire du célèbre carnaval. L’endroit est agréable et une petite terrasse bien entretenue est disponible en été. Rapport qualité/prix honnête. Deux menus dégustation sont prévus. La cuisine est séduisante, amusante et créative mais « avec bon sens ».

Photos : (c) Gianluca Giordano

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