Menis : église du Rédempteur à Tenerife

Le complexe de la paroisse du Rédempteur à Las Chumberas, Tenerife, est situé sur un site à une hauteur plus basse que le contexte, d’où il émerge en imitant un tas de roches, pour devenir un lieu symbolique et attractif dans le cadre de la vie communautaire du quartier. L’architecture imite l’irrégularité de la nature, en faisant allusion à l’action du temps et du climat. On accède à l’église après une longue série d’escaliers, de rampes et de zigzags (une descente dans l’antre de la “montagne”) qui mènent au portail principal. L’édifice est structuré sur trois étages : le rez-de-chaussée, réservé au lieu de culte, s’étend sur toute la hauteur du presbytère à la moitié de la nef ; la deuxième partie de la nef s’abaisse au contraire considérablement pour contenir deux autres étages au-dessus, qui abritent les salles et les bureaux.

L’ouvrage est un grand volume massif décomposé en quatre blocs irréguliers qui, justement comme s’ils avaient été divisés par un événement naturel, restent liés les uns aux autres, mais sont déplacés réciproquement, en créant des fractures qui laissent entrer la lumière. C’est ici qu’intervient le projet qui dessine avec attention les coupures dans le ciment, en traçant les angles d’entrée de la lumière à l’intérieur du corps religieux, pour éclairer des éléments précis du lieu sacré en fonction des heures de la journée.
La surface en ciment est plus uniforme extérieurement, même si le matériau n’est jamais homogène et donne aux façades tout un ensemble de nuances très naturelles. Ce qui apparaît extérieurement comme un complexe rocheux s’avère en entrant l’antre d’une grotte, où les parois sont brutes et bouchardées, suite à l’effet des lapilli. L’espace liturgique, où le mobilier est essentiel et les décorations presque inexistantes, comme dans le langage contemporain le plus répandu, s’ouvre dans le vide obtenu à l’intérieur. À l’aube, les premiers rayons du soleil pénètrent à travers la croix sculptée dans la façade arrière derrière l’autel, pour éclairer le baptistère, la première lumière du chrétien. À midi, la lumière éclaire l’autel, où se célèbre l’Eucharistie, par la coupure zénithale du plafond, entre le premier et le deuxième bloc, et atteint peu après le confessionnal, le lieu de l’expérience pénitentielle. Elle guide dans le parcours de foi qui déchire les ténèbres.

C’est en ce sens que l’on peut également interpréter le choix du matériau structural, un ciment enrichi de lapilli, un matériau volcanique très poreux, qui améliore sensiblement le degré d’absorption acoustique, en isolant les fidèles dans le recueillement et dans la prière. La compacité des blocs et leur nature de mono matériau sont également étudiées pour une meilleure efficacité énergétique : le ciment a une grande inertie thermique et, en tant que seul matériau de la structure, évite la déperdition de chaleur.

Mara Corradi

Projet : Fernando Menis (MENIS ARQUITECTOS)
Commettant : Paroisse du Rédempteur
Lieu : Las Chumberas, La Laguna, Tenerife (Espagne)
Surface utile brute : 1 050 m²
Surface du lot : 550 m²
Début du projet : 2004
Fin des travaux : en cours
Structure en béton renforcé avec des lapilli
Mobilier en pierre volcanique, ciment et bois
Photos : © Simona Rota

2012 Concrete Innovation Award by the prestigious Ambuja Knowledge Foundation of India

www.menis.es