Camilla Falsini : « Mes couleurs sur la céramique en hommage au groupe Memphis »

Camilla Falsini ne se limite pas à peindre sur les murs des maisons et sur des feuilles de papier, elle crée aussi numériquement des illustrations gaies et poétiques pour des revues, des livres, des entreprises, des festivals ou tout simplement pour elle-même. Vivant et travaillant à Rome, elle suit ses œuvres ici et là dans le monde, comme elle l’a récemment fait à Londres où elle a été la vedette d’une performance live à l’occasion de la Clerkenwell Design Week : la réinterprétation, sur un carré en grès de trois mètres de côté, de créations en céramique des maîtres du groupe Memphis présentées dans le showroom londonien d’Iris Ceramica Group dans le cadre de l’exposition « Ceramics : Neverending Artworks ». Instaurer un dialogue artistique avec des maîtres du design radical tels que Sottsass, Mendini, Branzi, Cibic, Du Pasquier ou Sowden a représenté pour elle une formidable opportunité. Comme elle le souligne : « Les créations de l’exposition sont magnifiques. J’ai été particulièrement enthousiaste d’accepter ce projet. L’esthétique du groupe Memphis me plaît tout particulièrement, tant en termes de lignes que de couleurs. Ma performance a voulu rendre hommage à leurs travaux en céramique qui sont de véritables œuvres d’art. Je les ai réinterprétés sous des formes abstraites, colorées, verticales, sur une base en céramique nue ; une surface foncée qui s’est transformée en partie intégrante de ma création ».

Camilla a délibérément fait le choix de devenir illustratrice : « J’ai toujours été fascinée par les arts appliqués. » Elle ajoute : « Les illustrateurs travaillent principalement sur commande et dans un but précis ». Elle avoue cependant qu’elle aimerait avoir plus de temps pour ses propres recherches. « Dans mon métier, il faut tenir compte d’un ensemble de facteurs dont les artistes purs n’ont pas à se soucier : bien communiquer, travailler sur de multiples supports dont il faut bien connaître le rendu et à différentes échelles. Les détails doivent être adaptés aux dimensions des illustrations : sur le mur d’un édifice, il faut les enrichir suffisamment pour qu’elles soient compréhensibles, surtout de loin. Sur la page d’un livre, ce rapport doit être inversé. »

Falsini privilégie le numérique pour la composition de ses œuvres, notamment les images vectorielles, mais elle utilise aussi la technique classique du collage. Le collage lui permet de réaliser des compositions à partir de feuilles de papier qu’elle a peintes elle-même, parfois dans des couleurs unies, parfois avec de légères textures en relief. Il constitue la version physique des images vectorielles : « Étant donné que l’essentiel de mon travail se fait par ordinateur, ce choix devient une revanche du savoir-faire manuel. J’aime l’idée de découper des papiers colorés que j’ai moi-même préparés et d’utiliser des laques, des couleurs acryliques et tout ce que j’ai sous la main à ce moment-là, pourquoi pas en mélangeant le tout. Le collage me permet d’essayer, de modifier, de déplacer, d’ajuster les pièces. C’est parfois le hasard qui me guide dans certaines directions. »

L’univers visuel de Camilla réduit les figures à l’essentiel ; bidimensionnelles, elles acquièrent une dimension fantastique ou des proportions amusantes dans une atmosphère en apesanteur. La couleur est une autre de ses particularités. Et par couleur, il faut comprendre des couleurs fortes, pleines et franches : des rouges, des bleus, des jaunes, des verts, des roses, des bleus ciel. Camilla confirme : « Mon univers parle avec les couleurs. Elles sont indissociables de mon expressivité. Je préfère presque toujours les couleurs vives et les champs chromatiques bien définis. En revanche, je n’utilise presque jamais de couleurs pastel ou de couleurs foncées. Un magazine m’a récemment demandé de dessiner un bâtiment emblématique de Milan. J’ai choisi la tour Velasca mais je l’ai représentée en rose, rouge et vert. Des couleurs folles qui l’ont transformée en image surréaliste et fantastique ». Parmi ses prochains projets, Camilla va collaborer avec une agence coréenne. Un travail qui la ravit car elle est très attirée par l’esthétique de l’Extrême-Orient ; un univers visuel qui, à y regarder de plus près, a beaucoup de points en commun avec le sien.

Antonella Galli

Captions and Credits
All images: Courtesy of Camilla Falsini

01 Portrait of Camilla Falsini
02,03, 15-17 Camilla Falsini performance at Ceramics: Neverending Artworks courtesy of Iris Ceramica Group
04 Mostro Gentile. A giant on the wall of a primary school in Brescia, part of the LINK Urban Art Festival, curated by the True Quality Association. Photo by Marcello Palazzolo.
05 Cover Design for Il Sole 24 Ore. Cover images for the design special issue published in September 2021 for the Salone del Mobile.
06 Inception Napapjiri. A wall creation in Milan in 2019 for Green Week. Photo by Mariano Dallago.
07 Luce + Acqua Napoli. A wall creation in Naples in 2021 inside the CIS in Nola in partnership with the Bereshit association. Photo by Bereshit.
08 3 Collages on paper, 2021
09 Cover Design for Il Sole 24 Ore. Cover images for the design special issue published in September 2021 for the Salone del Mobile.
10 Illustration for the launch of B&B's Noonu sofa created by designer Antonio Citterio.
11 Due occhi verdi (Two Green Eyes). Collage on paper.
12 Danzatori (Dancers) (cm 35x50). An art print created in partnership with the Street Levels Gallery, Florence, 2021.
13 Ferrara Under the Stars, images for the 2020 music festival.

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