Adieu à l'architecte Ricardo Bofill

Le 14 janvier, l'architecte Ricardo Bofill est décédé à Barcelone ; il était parmi les architectes espagnols les plus renommés, l'un des pères de l'architecture postmoderne et l'auteur de projets importants et emblématiques.

Ricardo Bofill Leví naît à Barcelone le 5 décembre 1939 de l'union entre Maria Levi, juive d'origine italienne et Emilio Bofill y Benessat, architecte et constructeur catalan. Ses études à l'École technique supérieure d'architecture de Barcelone sont interrompues en 1957 lorsqu'il est expulsé de l'école pour son activité politique. Il poursuit ensuite ses études à l'École des Beaux-Arts de Genève où il obtient son diplôme en architecture en 1959.
En 1963, il fonde son cabinet « Ricardo Bofill Taller de Arquitectura » (RBTA), comme un collectif qui, outre des concepteurs, architectes et ingénieurs, compte également des sociologues, musiciens, poètes, écrivains et photographes. Une équipe multidisciplinaire qui, dans son groupe initial, comprenait également sa sœur Anna Bofill, musicienne et architecte, ainsi que le critique littéraire Salvador Clotas, le poète José Agustín Goytisolo, les architectes Ramón Collado, Joan Malagarriga, Manuel Núñez Yanowsky, Dolors Rocamora et l'actrice et photographe italienne Serena Vergano, qui deviendra son épouse en 1965. Les premiers ouvrages réalisés avec son cabinet possèdent des formes simples et reflètent le style vernaculaire catalan et l'intérêt de Ricardo Bofill pour l'architecture minimaliste des villages nord-africains, aux confins du désert du Sahara. En étudiant les logements cubiques des communautés de l'Afrique du Nord et de l'île d'Ibiza, l'architecte développe le concept d'un vaste complexe résidentiel conçu comme un quartier multifonctionnel et développé à partir d'un système modulaire. En mettant en œuvre les utopies sociales des années 1970, il conçoit en effet de petites maisons organisées en complexes qui apparaissent comme des forteresses majestueuses, mais à l'intérieur, sont reliés par des escaliers et des patios afin de favoriser la construction de la communauté tout en préservant l'intimité des habitants. Ce sont également les années de projets tels que les complexes résidentiels bien connus : El Castillo Kafka à Sant Pere de Ribes, un hommage à l'écrivain Franz Kafka, conçu en 1968 ; la Muralla Roja de 1973 construite à Calpe, l'une de ses œuvres les plus emblématiques, devenue un lieu d'exception pour de nombreux shootings photo pour des magazines de mode. Ou encore, le Walden 7 à Sant Just Desvern, inspiré du roman de science-fiction de BF Skinner de 1948 « Walden Two ».
La consécration définitive à l'échelle internationale arrive précisément à partir des années 70 avec les missions reçues par le gouvernement français pour le projet de plans directeur et de grands complexes résidentiels tels que les utopiques Espaces d'Abraxás de Noisy-le-Grand, situés en périphérie de Paris, qui ont retrouvé une seconde vie et sont devenus une destination touristique après leur apparition dans le deuxième film de la série Hunger Games.

Au cours de sa longue activité professionnelle, accompagnée d'une activité théorique bien remplie et d'un grand nombre de publications, Ricardo Bofill a signé une foule d'autres projets importants, parmi lesquels le Parc Manzanares de Madrid et le Théâtre National de Catalogne, ainsi que des structures qui ont changé le paysage en devenant des points de repère incontournables comme le W Hotel de Barcelone avec sa forme en voile. Parmi les projets les plus emblématiques de l'architecte, on ne peut ne pas citer La Fábrica, une ancienne cimenterie datant des années 20, reconvertie en ruine structurée et destinée à sa résidence personnelle et au siège de son cabinet Ricardo Bofill Taller de Arquitectura.

(Agnese Bifulco)

Images courtesy of Wikipedia and RBTA